L’histoire de la mode commence vraiment au milieu du 19eme siècle, avec le créateur Charles-Frédéric Worth, pionnier de la haute couture, qui fait défiler les premiers mannequins dans de prestigieux salons où se rassemble une clientèle féminine aisée…
C’est au cours du 20ème siècle que les maisons de couture se multiplient. Ce siècle est celui de la mode, autant que celui des lumières. On assistera à la naissance du Lanvin de Jeanne Lanvin, aussi de la célèbre maison Chanel créée par Gabrielle Chanel, ou même encore d’Yves Saint-Laurent.
À cette période, les premières féministes entament leur long combat pour le droit des femmes !
Jeanne Lanvin, fille d’une famille nombreuse et pauvre pour l’époque, devient employée dans une chapellerie avant de travailler comme apprentie chez la modiste « Boni ». C’est là qu’elle développe son talent, rare. La confection de modèles inédits de chapeaux à laquelle elle s’applique conforte son goût de la création. Elle rejoint ensuite Suzanne Noël (chirurgienne au service du féminisme) dans son club parisien réservé aux femmes brillantes et professionnellement indépendantes, à l’instar des Soroptimist existants aux Etats-Unis. Là-bas, aux côtés de Jeanne Lanvin, on trouve des femmes de renoms telles Anna de Noailles ou Lily Laskine.
Gabrielle Chanel, icône de la mode, précurseur du monde de la couture et de la création de vêtements, accomplit une véritable révolution vestimentaire. Elle introduit dans le vestiaire féminin trois éléments majeurs pour la libération de la femme: la jupe courte, sans marquage à la taille, la suppression du corset qu’elle récupère de Madeleine Vionnet, et la démocratisation du pantalon.
Coco Chanel s’inspire du vestiaire masculin pour ses créations, les chapeaux se simplifient, s’épurent. Progressivement disparaissent les plumes et autres ornements qui paraient la tête des femmes, mais les encombraient tout autant.
Désormais, l’élégance devient simplicité, le confort s’impose jusqu’à l’androgynie. L’objectif est de libérer et d’émanciper la femme de tous ces habits peu pratiques qui l’entravent. Gabrielle Chanel introduit dans ses créations des matériaux rigides et solides comme le tweed mais, surtout, elle impose, dans la garde-robe féminine, un pantalon qui n’y avait jamais vraiment eu sa place avant elle ! Coco Chanel tient son grand symbole de la liberté physique, mais aussi politique de la femme !
Chanel a participé à envoyer valser, les codes traditionnels de la féminité, pour les rapprocher de modèles plus élégants et masculins.
L’après-guerre et le new-look.
À l’enthousiasme fantaisiste des années 30, succède la rigueur de la guerre de 40 et ses vêtements utilitaires. Il faut en attendre la fin pour voir Christian Dior remettre à l’honneur une féminité très “cliché”, avec un New-Look renouant avec la tradition des tailles marquées et des jupes corolles.
Ce règne d’une silhouette féminine, somme toute traditionnelle, perdure encore une décennie.
C’est par l’Anglaise Mary Quant que viendra la révolution. Cette figure emblématique du Swinging London, avec sa sulfureuse minijupe, va tout changer. Immédiatement adoptée par les adolescentes et les jeunes femmes, la version ultra-courte du vêtement bien connu est popularisée dans le monde entier par André Courrèges qui lui dédie sa collection printemps-été 1965. À la même époque, Yves Saint Laurent propose de son côté une réinterprétation novatrice des pièces masculines les plus emblématiques, revisitant au féminin le caban, le smoking et la saharienne.
Dans les années 80, les créatrices de mode sont encore minoritaires, de Vivienne Westwood à Donna Karan, en passant par Sonia Rykiel, Diane Von Furstenberg ou Rei Kawabuko, elles se comptent encore sur les doigts d’une main.
Les hommes créent mieux, paraît-il pour les femmes....
Avant de défendre les droits des femmes sur les podiums, l’industrie de la mode est donc passée d’une ère masculine, où elle était décidée, pensée et gérée par des hommes, à des directions artistiques féminines, ou bien encore des marques toute entière imaginées par des femmes.
C’était un premier pas vers le féminisme !
En s’imposant comme femme chef d’entreprise à une époque hostile à leur genre, Chanel, Elsa Schiaparelli ou encore Jeanne Lanvin ont ouvert des portes.
Historiquement, les créateurs « hommes » ont été ceux qui ont poussé le plus loin l’image d’une femme hyper-féminine, fantasme idéalisé, à des années-lumière de la réalité.
L’époque est aujourd’hui, et sans conteste, plus propice à l’émergence de talents féminins. Preuve en sont les concours mis en place par des groupes de luxe, des structures placées sous l’égide du ministère de la Culture ou bien encore des marques mainstream.
En 2016, ces prix ont tous été remportés par des femmes : la Française Johanna Senyk, fondatrice de Wanda Nylon, a décroché le prix de l’Andam, la Londonienne Grace Wales Bonner s’est attiré les faveurs du prix LVMH.
En novembre dernier, le groupe Kering remettait une flopée de récompenses dans le cadre de sa collaboration avec le London College of Fashion pour une mode éthique et écologique, parrainée par Stella McCartney et la maison Brioni. Quatre des cinq prix furent gagnés par des étudiantes, et non des étudiants.
Le combat continue avec Sakina M’Sa.
Sakina M’Sa se bat tous les jours pour défendre la mode responsable, mais pas seulement ! Elle propose aux femmes, avec sa mode « éclairée », des pièces fortes, à messages engagés.
Ces messages sont devenus son combat. L’objectif est de concevoir la femme comme un tout, avec ces différences et pour volonté qu’en pensant la femme plurielle, Sakina pense à toutes les femmes sans n’en laisser aucune sur le bord du chemin de sa mode pour toutes.
Créatrice, elle défend aussi une certaine idée de l’appréhension du monde, une idée qu’elle développe à travers ses conférences, ses collections, avec des mots forts jetés sur le vêtement, comme un manifeste à porter, des mots comme « Save the planet » ou « Earth » qui alertent sur la nécessité de protéger l'environnement, mais aussi « Wonderwomanist » ou « Girl gang », rappels de la force intérieure et véritable des femmes. Des mots pour créer une unité, une solidarité entre elles.
Sakina a, entre autre, fait défiler des femmes des prisons, femmes auxquelles elle a régulièrement rendu visite afin de préparer son défilé.
Permettre à ces femmes de se réapproprier leur féminité reste l’une des plus belles réussites personnelles et professionnelles de la créatrice.