Chacun de nous connaît les grands noms de la Fast Fashion, mais connaissez-vous l'impact réel de ces industries sur notre planète ?
Avant l’essor récent du prêt-à-porter, durant la seconde moitié du XXe siècle, la population portait tous les jours les mêmes vêtements et ne s’offrait des vêtements neufs que rarement. Les belles tenues étaient utilisées pour les grandes occasions. Le prêt-à-porter avait certes pris de plus en plus de place et s’inspirait de la mode saisonnière, inventée par les maisons de couture, pour donner goût à un renouvellement plus fréquent des garde-robes.
C’est dans les années 1970-1980 qu’apparaissent en France des marques comme Naf-Naf ou Camaieu. De nouvelles enseignes dans le coup, avec des prix accessibles, quoi de mieux pour les foyers Français de l’époque ! Il y eut ensuite l'arrivée en France de Zara, en 1990, puis d’H&M, en 1998. C’est à ce moment que l’on commença à parler de Fast Fashion.
La Fast Fashion, autrement dit la “mode rapide”, correspond à un modèle de production et de consommation de vêtements qui se caractérise par :
- Un renouvellement très rapide des collections, bien plus rapide que celui de la mode saisonnière. Un rapport de 2017 (produit par Coresigh Research) indique par exemple que les sites Missguided et Fashion Nova sortent entre 1000 et 2400 nouveaux produits chaque mois.
- L’utilisation de matières premières de mauvaises qualité.
- Des prix très bas.
- Et des conséquences environnementales et sociales désastreuses !
Avec l’apparition de ces marques, la mode semble être entre les mains des consommateurs qui peuvent satisfaire toutes leurs envies. Mais ce n’est pas pour autant le règne du consommateur-roi ! Attirées par des prix parfois incroyablement bas, les personnes achètent toujours plus et portent les vêtements peu de fois, avant de s’en lasser et de retourner s'offrir des nouveautés en magasin.
Qui est enchaîné et qui est le vrai roi dans ce paradis économique où les stocks tournent aussi vite que les désirs ?
De surcroît, ce système n’est pas sans conséquences environnementales et humaines.
Dans ce type de vêtements, 60% des fibres sont des fibres synthétiques, issues du pétrole, et un grand nombre de substances que nous ignorons sont utilisées. Sur les étiquettes, nous retrouvons certes la composition du tissu mais jamais d’indication sur les teintures ou les produits ajoutés pour rendre les vêtements imperméables, infroissables ou pour leur donner certains effets comme le sablage.
Un seul exemple : le polyester. Découvert dans les années 40, le polyester est une fibre synthétique dérivée du pétrole, qui est appréciée pour sa résistance, son élasticité. Où est le problème ? À chaque lavage en machine, un vêtements en polyester libère des milliers voire des millions de microfibres qui finissent dans la mer, et mettent des centaines d’années à se dégrader. On retrouve ces fibres invisibles dans les sédiments des grands fonds marins, dans la banquise et jusque dans les poissons et les fruits de mers des étals de certains marchés.
Dans son rapport “La mode sans dessus-dessous”, l’ADEME précise que 20 % de la pollution des eaux dans le monde serait imputable à la teinture et au traitement des textiles. Même pour les textiles conventionnels, l’industrie utilise des produits chimiques dangereux pour la santé et l’environnement : ammoniaque, soude, acide sulfurique, métaux lourds…Ces substances polluent l’air, les sols, et les eaux à la sortie des usines.
Les conséquences désastreuses pour l’environnement ne s’arrêtent pas là. Alors que la sécheresse menace, des quantités phénoménales d’eau sont nécessaires pour fabriquer un jean. En amont des usines, les pesticides sont propagés dans les champs de coton, les produits chimiques sont utilisés pour transformer certaines matières en tissus et dans les teintures, et les eaux des rivières sont contaminées par tous ces produits.
À ces enjeux écologiques, s’ajoute l’impact sur les personnes qui confectionnent les vêtements. Les produits sont quasiment tous assemblés dans les pays en voie de développement comme l’Inde, le Bangladesh, la Chine ou le Vietnam. Pour vendre à mini-prix, il faut produire à moindre coût. Dans ces pays, la main d’œuvre est bien moins chère qu’en France, les conditions de travail sont très peu encadrées et le travail des enfants encore souvent présent.
Au Bangladesh, par exemple, un ouvrier travaillant 6 jours par semaine touche 83 euros par mois (alors qu’il lui faudrait environ 400 euros pour vivre décemment). Avec des conditions financières telles et pas d’autres alternatives de travail, les ouvriers se retrouvent dans une impasse. Les personnes n’ont pas le choix et les catastrophes se multiplient : en 2013, 1135 personnes sont décédées dans l’effondrement du Rana Plaza au Bengladesh, immense centre de production textile, devenu un symbole des aberrations de la fast-fashion.
Droits du travail bafoués, conditions de travail insalubres, salaires de misère… Mais aussi, nombreux problèmes de santé, nés de la pollution, qui affectent en priorité les travailleurs du textile ! Avec les produits chimiques utilisés dans les teintures ou la création de tissus spécifiques, comme c’est le cas pour le fil de viscose, de nombreux risques d’émanations toxiques sont attestés dans les usines, ce qui augmente considérablement le développement de maladies physiques et mentales chez les ouvrières et les ouvriers.
Depuis quelques années, un nouveau mode de consommation et de production se fait voir, fondé sur la volonté de développer une mode éthique et durable («slow fashion » ). Recyclage de stocks de tissus dormants ou d’invendus, location de vêtements, circuits courts de production et de distribution, promotion du « Made in France » ou du « Made in Europe », sont des pratiques liées à cette nouvelle façon de penser la mode. Pour Sakina M’sa, militante pionnière de la mode durable, la fast fashion doit être dénoncée comme un obscurantisme qui brouille les pistes de la traçabilité, tout en créant des conditions de travail indignes pour l’humain. Elle lui oppose le projet d’une mode éclairée, qui met la lumière sur toute la chaîne de valeurs dans une écologie créative.
Suite À la lecture de cet article, as-tu envie d’agir, en changeant tes habitudes de consommations ? Viens nous rendre visite à notre concept store Front de Mode ! Pratique et respectueuse de l'environnement, la VRAIE mode durable s'adresse à tout le monde ! Aussi bien aux curieux qu’aux personnes déjà sensibilisées aux enjeux de ce sujet.